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  "Tout n'est pas perdu"
 

QU: Le Matin; 04.12.2002

"Je me suis occupé d'un groupe de jeunes skins qui avait gravement molesté l'été passé, un ressortissant turc dans un village argovien. Aujourd'hui, l'un d'entre eux m'a envoyé un SMS pour me demander de l'aide parce qu'il avait des problèmes avec sa copine." Samuel Althof, un psychologue bâlois de 47 ans d'origine juive, n'a pas peur des jeunes qui fomentent des actes à caractère raciste en apparence. "La plupart du temps les jeunes skins s'attaquent à des étrangers pour tenter d'affirmer leur identité. Ils pourraient aussi le faire en se battant contre des bandes rivales du village d'à-côté."
Pour le psychologue qui a infiltré une bonne partie des sites néos-nazis suisses qui sévissent sur la toile avec son organisation Action Enfants de l'Holocauste (AKdH), les jeunes skins n'obéissent pas à une idéologie précise. A la demande de la mère de l'un des jeunes violents, il a débarqué avec ses partenaires au village. "En tout, nous avons eu six rencontres qui ont duré environ deux heures chacune." Un travail qui s'est effectué avec la collaboration des parents et de la police. Le succès est total: tous les jeunes concernés sont sortis du milieu skin et aux dernières nouvelles, aucun n'a rechuté.
Bien sûr, des résultats aussi excellents ne sont possibles que dans des conditions précises. "Les jeunes garçons qui vivent entre-eux - ces agressions sont toujours des affaires d'hommes uniquement - sortent à peine de l'adolescence. Avec les personnes âgées de 50 ans et plus, c'est beaucoup plus difficile."
En clair, pour le skin de Granges sur Soleure qui a déjà passé la trentaine, les chances de le voir quitter la scène violente sont moindres. "Mais ce n'est pas impossible, à condition que l'agresseur ne soit pas déjà entièrement à la solde de l'idéologie nazie. Contre ces néo-nazis qui souffrent d'obsessions, je ne peux rien entreprendre."
Depuis le début de l'année, Samuel Althof a déjà obtenu des centaines de contacts avec des skins. "Avec l'expérience, j'ai appris à différencier l'idée que l'on se fait d'eux et la réalité. Je ne prends pas de risques inconsidérés."

Victor Fingal


© Aktion Kinder des Holocaust