|
Nazis
pris dans la Toile
QU: Le Matin, 27. März 2001
Une
organisation bâloise traque avec succès les sites
racistes. Mais ses membres font aussi lobjet de menaces
de mort.
"Tu
crèveras avant lavènement du nouveau Reich."
Dans la boîte aux lettres électronique du site bâlois
www.akdh.ch, de tels propos sont fréquents. Mais Samuel
Althof, 46 ans, lun des instigateurs de lAction enfants
de lHolocauste (AKdH), nest pas tendre non plus avec
ses ennemis. Le militant, qui dit appartenir à la deuxième
génération de ceux qui ont directement souffert
des persécutions allemandes ou du fascisme, a déjà
réussi à faire fermer plus de deux cents pages révisionnistes,
néonazies ou simplement racistes sur le Web.
A
Zurich, le travail du militant et de ses camarades est particulièrement
apprécié. En décembre dernier, le Conseil
dEtat refusait la création dune cellule spécialisée
dans la traque informatique des militants dextrême
droite. Conséquence: la police cantonale se contente la
plupart du temps dinformations venues de lAKdH ou
de la police fédérale avant dentrer en action.
Justement,
le plus grand provider nazi américain, 14 front 88, et
ses 754 pages vient dêtre banni de Bluewin, Sunrise/Diax,
SwissOnline et IP-Plus grâce aux démarches de lorganisation
bâloise. Mais la lutte ne connaît pas de frontières:
depuis longtemps les skins suisses et européens passent
par des providers américains afin déchapper
à la répression qui les attend sur le Vieux-Continent.
Pas de quoi arrêter Samuel Althof: "Si nous faisons
comprendre aux autorités américaines qui sont insensibles
à largument du racisme que les sites incriminés
comportent des incitations à la haine, alors nous avons
des chances de pouvoir faire fermer des pages nazies, même
aux Etats-Unis."
Reste
que le militant refuse de peindre le diable sur la muraille. "Nous
devons rester attentifs à laugmentation des pages
à contenu raciste sur le Web. Mais souvent un site ne représente
quun seul individu: celui qui la réalisé."
Samuel Althof remarque aussi que les auteurs sont de plus en plus
jeunes. Et que malgré leurs propos, ces ados ne sont pas
tous des nazis dangereux en puissance. "Certains dentre
eux règlent leurs comptes scolaires avec des camarades
de classe dorigine étrangère. Il ne faut pas
laisser faire, mais lexagération du phénomène
ne nous rend pas non plus service."
Skins
en Appenzell
André
avait réservé depuis dix jours la grande salle du
Restaurant Schweizerbund à Heiden (AR), histoire de passer
une soirée en chansons, avait-il annoncé au patron
du bistrot. Mais les amateurs de musique folklorique se sont révélés
dun genre particulier: quelque 170 crânes rasés,
dont plus de la moitié étaient venus dAllemagne
et dAutriche, se sont réunis samedi dans le cadre
dune soirée privée. La police a procédé
à de nombreux contrôles et une trentaine dagents,
alertés par le services des douanes, ont été
dépêchés sur les lieux, mais les forces de
lordre ne sont pas intervenues. La manifestation sest
déroulée sans incident particulier. Le mois passé,
600 skins sétaient rassemblés à Mels
(SG).
Victor Fingal
Zurich
27 mars 2001
|
|